Pour piloter une école, les chefs d’établissement disposent de plusieurs indicateurs sur lesquels ils gardent un œil vigilant. Ces indicateurs peuvent varier d’une école à l’autre en fonction du contexte. Dans beaucoup d’établissements aux États Unis, l’une des mesures critiques est le montant annuel de donations caritatives reçues. Michael, le papa de Coco et de Gala, me faisait récemment remarquer à ce propos que mes confrères New Yorkais passaient leurs soirées à soutirer des chèques bien dodus à leurs familles. Et franchement je ne les envie pas.
Il existe heureusement d’autres indicateurs qui se mesurent tout aussi objectivement : c’est notamment ce que les enquêtes de satisfaction nous permettent de faire. Je suis aussi très attentif, évidemment, à la qualité des professeurs que nous recrutons : ce n’est possible que si notre école a bonne réputation et que le staff est heureux d’y travailler. Il faut que l’école rayonne, qu’elle suscite l’intérêt, qu’elle résonne avec un public d’enseignants ambitieux et talentueux et qu’elle les incite à postuler en grand nombre – nous pouvons par exemple aujourd’hui avoir jusqu’à 250 candidats pour un poste.
Finalement le plus difficile à déterminer de manière objective lorsqu’on est une école bilingue qui ne prépare pas ses élèves à un examen final c’est la qualité de l’éducation. C’est pour cette raison que nous avons décidé de proposer à tous nos élèves – d’accord, soyons juste, de leur imposer ! – du CM1 à la 4ème de passer les tests MAP Growth (comme 9 millions d’autres jeunes américains). Ces tests représentent pour nous un double défi : ils ne couvrent que les attendus côté américains (et se passent seulement en anglais) alors que nos enfants passent la moitié de leur scolarité dans des classes françaises ; un inalienable refus de principe de notre part d’enseigner autre chose que notre programme maison même si ses contenus ne sont pas nécessairement alignés aux tests standardisés.
Sans rentrer dans les détails, le test se déroule de la manière suivante : l’élève se connecte et le logiciel lui propose une question à laquelle un élève “standard” de son niveau de classe à ce moment de l’année devrait être en capacité de répondre. Une autre question plus difficile lui est proposée s’il répond correctement, une question plus simple en cas de mauvaise réponse. Ainsi de suite jusqu’à déterminer un score pour chaque élève dans deux domaines précis : les mathématiques et la lecture.
Les résultats de cette session d’automne, que je vous laisse découvrir plus bas, sont stupéfiants. MAP Growth nous permet de comparer nos résultats avec plusieurs groupes : vous verrez que la colonne jaune correspond à l’élève standard tel que je vous le décrivais, à savoir le score attendu pour un élève dans ce niveau ce classe, la colonne verte correspond au score moyen obtenu par les élèves des écoles privées indépendantes de New York City. En rouge, le score des élèves de The École.
On y voit qu’une fois passé le CM1 – l’année où se pose définitivement le bilinguisme chez nous – nos élèves obtiennent des scores bien supérieurs à la norme – on pouvait l’espérer ! – mais aussi aux écoles comparables de New York City. Nos élèves sont donc très forts en maths, on le savait depuis au moins l’an dernier, mais ils sont aussi meilleurs en lecture alors même, je me permets tout de même de le rappeler, qu’ils apprennent deux langues simultanément.
Un grand bravo à nos élèves et aux équipes d’enseignants sans qui rien de cela ne serait possible. C’est personnellement le type d’indicateur qui me fait plus plaisir qu’un chèque, même dodu !