Ceux qui suivent mon compte Instagram (que très franchement je peine à alimenter régulièrement) savent que j’ai passé quelques jours à San Diego en début de semaine. J’avais en effet oublié de vous signaler mon départ la semaine dernière alors même que le sujet s’y prêtait puisque comme les tous colloques sur l’éducation en ce moment, la réunion à laquelle je me suis rendu a fait la part belle à l’intelligence artificielle (en résumé ca fait un peu peur aujourd’hui mais, vous verrez, ce sera bien demain).
De mon voyage en Californie je retiendrai plusieurs choses. D’abord que je pourrais sans doute, si pour une raison ou une autre j’y étais forcé, m’habituer au climat local (j’ai pris un coup de soleil !) ; ensuite que j’ai compris tout le sens de l’expression “red eye” en descendant de l’avion à JFK mercredi matin, pas du tout disposé à venir travailler comme je l’avais naïvement imaginé. Enfin et surtout qu’au travers des conversations avec mes collègues j’ai encore pu mesurer, ce que je savais déjà, à savoir la chance que j’ai de travailler à The École.
Les écoles sont des microcosmes complexes et fragiles. Les chefs d’établissement doivent trouver le ton juste pour satisfaire des boards souvent changeants, tour à tour trop frileux ou trop audacieux, soit empêtrés dans la logistique du court terme ou rêvant au contraire de futurs inaccessibles (lors d’un entretien pour un poste dans un autre établissement il m’avait été demandé si le plan á 5 ans que je proposais – une commande dudit board – ne pouvait pas se faire en deux ans seulement. J’ai retiré ma candidature en rentrant à la maison). Dans ce contexte, les proviseurs doivent trouver leur place, faire parfois des ronds de jambe pour obtenir ce qu’ils souhaitent, compromettre, défier, délimiter les rôles, tracer dans le sable des frontières que le vent risque à chaque instant d’effacer.
A The École, bien sûr, les choses sont différentes. J’avais raconté ici mes rencontres hebdomadaires avec Philippe et Laurence. Moi qui venais d’un univers de réunions chronométrées, de Power points de 123 slides et d’argumentaires tirés au couteau pour convaincre mon auditoire, j’ai découvert en arrivant ici une toute autre réalité : celle des agendas complètement foulés au pied alors que nous venons à peine de nous asseoir (mais toujours pour la bonne cause !), celle de la confiance donnée sans arrière pensée, celles des moyens mis à disposition toujours à bon escient, celle de la passion de Philippe et Laurence que j’avais ressenti en les rencontrant et qui est intacte – qui sait, peut-être même encore plus forte qu’avant.
Notre actualité est chargée en ce moment et nos réunions s’étirent en longueur. Le recrutement d’un nouveau directeur ou d’une nouvelle directrice du primaire est notamment une décision qui nous engage de manière fondamentale et nous devons préparer avec soin cette arrivée dans notre équipe non seulement sur le plan professionnel mais aussi sur le plan personnel et financier, ce dernier aspect étant particulièrement important à New York comme chacun sait.
Je suis certain que nombre de mes collègues envieraient la fluidité de nos échanges et notre capacité à nous mettre rapidement d’accord, sur ce sujet comme tant d’autres. Ils ne le savent sans doute pas mais ils devraient aussi m’envier la qualité de nos élèves, la générosité de nos collègues et le soutien de nos familles. Tout ce petit monde m’avait bien manqué en Californie.