Quand on est un français qui habite à l’étranger – c’est vrai de toutes les nationalités – on apprend que le regard que pose l’autre sur nous est souvent biaisé. A travers le cinéma, la littérature, le sport, la politique ou l’économie chacun s’est déjà fait une bonne idée de ce que c’est un francais. Un français par exemple, ça fume des cigarettes dans la rue en se protégeant du froid d’une étole de luxe. Un français ça râle, ça philosophe, ça rationalise, ça lit des livres écrits tout petit. Un français ça ouvre la porte aux dames une rose entre les dents (anecdote véridique : lors d’un entretien d’admission à Taïwan, je demandai à une famille pourquoi choisir une école française pour leurs filles : pour qu’elles se marient avec un français)

Alors bien sûr les clichés, les baguettes de pain, les bérets, le romantisme, on sait bien que ce n’est pas toujours vrai mais on est tout de même bien obligé d’en tenir compte parce que quand on est un français à l’étranger c’est un peu ce qui est attendu de nous. Il y a par contre un cliché qui est vrai et sur lequel on ne démord pas, c’est notre relation à la nourriture. Il faut bien reconnaître que cela fait intégralement partie de qui nous sommes et que nos journées et notre vie s’organisent autour de nos repas, que nous aimons prendre le temps de manger, que nous aimons peut-être par-dessus tout bien manger.

Quand on est directeur d’une école française à l’etranger c’est une chose dont on est très conscient parce qu’il s’agit souvent d’une attente forte de nos familles : il faut inclure dans l’emploi du temps une pause déjeuner qui permet de manger sans se précipiter, de discuter avec ses copains et d’apprendre à partager ses moments ensemble. Une cantine à la française, dans l’idéal, elle ressemble à celle-ci, filmée avec gourmandise par Michael Moore (en réalité quand j’étais petit, la cantine c’était pas bon !) Ici ces attentes sont peut-être encore plus pressantes puisque les Etats-Unis incarnent malgré eux ce qu’en France nous appelons la malbouffe (et puis parce qu’à The École nous avons parmi nos parents un nombre impressionnant de restaurateurs de talent !).

Manger des produits sains et naturels qui garantissent une bonne santé, manger des aliments équilibrés qui donnent des forces pour bien apprendre, manger un repas bien présenté dans un cadre agréable qui permet de profiter d’un moment d’amitié et de partage, ce sont des défis immenses du quotidien pour une école. Je veux louer ici le travail de nos SLA, TAs* et professeurs qui chaque jour enfilent les gants et distribuent aux enfants leur repas, gardent un œil sur ceux qui mangent trop peu ou trop vite, prennent le temps de discuter avec eux, et contribuent à faire du déjeuner un moment convivial et heureux de la toute petite section jusqu’à la 4ème.

Hier un comité ad hoc de parents est venu à l’école pour tester le menu de notre partenaire Little Green Gourmets dont je salue la réactivité. Tout est évidemment perfectible, Fawzia et Rebecca en particulier passent beaucoup de temps à transmettre le retour des enfants sur les différents menus qui leur sont proposés. Nous espérons qu’avec l’aide de ce panel et de leur précieux feedback nous allons pouvoir proposer un service toujours meilleur, toujours plus adapté aux besoins et aux goûts des enfants… et toujours plus en accord avec l’image de la France et des français.