Grâce à la venue hier de Noémie Tessier j’ai eu la chance de boire un chocolat chaud succulent et de manger de délicieuses madeleines. Noémie, la cheffe pâtissière d’Angelina Paris, New York, venait à la rencontre de nos élèves de 5ème et de 4ème dans le cadre du projet World of Work coordonné de main de maître depuis déjà 8 ans par notre collègue Franck Le Martelot avec l’aide de Gayle Hampton. Elle leur a parlé très candidement de son parcours personnel et professionnel et a répondu aux questions qu’ils avaient consciencieusement préparées.
Ce type de rencontres – nous sommes tellement heureux de pouvoir enfin les organiser dans nos locaux, même si le virtuel nous a permis l’an dernier de recevoir des professionnels qui n’auraient jamais pu se déplacer à New York – sont autant de témoignages personnels, souvent très touchants, qui permettent aux élèves de réaliser que derrière chaque vie se cache un parcours, des convictions, des envies, des rêves pas toujours aboutis et qu’on ne devient pas comme ça, d’un coup de baguette magique, écrivain, chauffeur de taxi, traductrice, acteur ou pâtissière.
Les questions de nos collégien.nes sont symptomatiques et pertinentes. Elles ont trait à leur désir de pouvoir mettre en relation ce qu’ils font toute la journée, apprendre, et ce qu’ils feront quand ils seront plus grands. Comment réconcilier le fait d’apprendre à construire une bissectrice et la construction d’une future vie professionnelle ? On sent parfois poindre aussi une forme de doute bien légitime. Face à ces gens passionnés qui font le métier qu’ils aiment et qui en parlent avec enthousiasme, comment savoir où et comment trouver sa propre place ? A quel moment comprend-on que c’est ce métier que l’on veut faire ou ce domaine vers lequel on veut s’orienter ? Comment sait-on qu’on est sur le bon chemin ? Quels sont les signes qui nous l’indiquent ?
Il s’agit là de questions avec lesquelles l’école se débat depuis longtemps et qu’elle ne peut toute seule aider les enfants à résoudre. C’est pourquoi un projet comme World of Work est aussi essentiel. Parce qu’il propose une variété de points de vue et une multitude de parcours, tous aussi valides et admirables les uns que les autres. Parce qu’il permet également le temps de la rencontre et du dialogue et va au-delà du conseil parfois stéréotypé sur ce que nous appelons en France l’orientation : si tu aimes les maths, tu seras ingénieur.
Noémie hier ne nous a pas dit comment elle faisait son chocolat – elle n’en a d’ailleurs pas le droit ! – mais nous a raconté comment on en arrive à force d’abnégation, de plaisir, de rencontres et de détours à faire du chocolat. Mais ce que je n’oublierai pas, c’est ce qu’elle m’a dit en aparté après son intervention : que l’école avait été pour elle un “fardeau”. Ce n’est pas une chose facile à entendre, même venant de quelqu’un qui a atteint les sommets de sa profession. C’est un rappel clair et sans ambiguïté de l’importance de ce que nous faisons. Un rappel que nous avons devant nous tous les jours des enfants qui, pour mille et une raisons peuvent se trouver, même temporairement, en état de souffrance. Cette souffrance doit nous être toujours et invariablement insupportable. C’est une des raisons pour lesquelles nous portons aujourd’hui symboliquement du orange. Et en ce jour un peu particulier je voudrais remercier Stéphanie Antoine, Marie Welch, Lauren Gagne pour leur travail et la passion qu’elles mettent, au sein du département EST, au service des enfants et de leur bien-être.
En espérant qu’un jour, ayant atteint le sommet de leur profession, certains d’entre eux puissent à leur tour parler dans une école et dire en aparté au proviseur le bonheur que c’était pour eux d’aller à The École.