Je vous écris cette semaine de Toronto – je sais, je vous fais rêver avec tous ces voyages exotiques – où se déroule le séminaire annuel de l’AEFE (Agence de l’Enseignement Français à l’Étranger, qui fait le lien entre nos établissements et le Ministère de l’Education Nationale en France). C’est un rassemblement très institutionnel mais nécessaire qui marque notre appartenance à un réseau de 600 écoles dans le monde.

C’est aussi comme chaque année une belle leçon de pédagogie que nous prenons en personne. Par exemple, nous avons commencé la journée par une série de discours (discours d’accueil, discours officiels, discours stratégiques, discours de cadrage, discours tout courts,…) sans pouvoir raisonnablement nous lever de notre table (au risque de mettre en péril la réputation de nos écoles respectives). Le résultat – et je suis certain que nous nous somme toutes et tous trouvés dans cette situation – c’est que petit à petit les laptops s’ouvrent,  les téléphones vibrent (je peux bien vous le dire, c’est pendant ces discours que je vous écris…), le cliquetis des claviers rappelle celui des grillons pendant l’été et les murmures entre convives recouvrent peu à peu (mais poliment) la voix des orateurs.

En bref, nous sommes distraits. Parce que le contenu est formel et le format convenu. Parce que nous sommes assis et que nous avons les outils à notre disposition pour nous échapper. Par exemple, j’ai lu avec toujours le même plaisir les emails de réinscription suite à la lettre de Philippe et Laurence que vous avez reçue hier. J’ai aussi fignoler quelques commentaires sur les bulletins des collégiens (petit rappel, ils sont disponibles ce soir et ils portent vraiment la trace de la qualité du travail fourni par nos adolescents ce trimestre).

Ils ont sans doute été plus attentifs en cours que je ne l’ai été ce matin et je les en félicite. C’est qu’ils ont la chance d’avoir des professeurs qui savent organiser des temps de travail variés, riches et passionnants. Ils ont une équipe face à eux qui comprend aussi à quel point la tentation est grande de, au choix: regarder juste une petite vidéo, écouter une chanson, jeter un œil sur son feed, écrire un petit message avec quelques emojis bien senties. Notre réponse à The École n’est pas (toujours) d’interdire. Elle est d’abord de proposer des dispositifs d’enseignement qui responsabilisent les élèves et en évitant ou en minimisant le cours magistral  (car le cours magistral à petite dose peut avoir du bon comme nous le montre les collegues americains tous les jours avec leurs “mini lessons”). Les élèves ont aussi le privilège d’avoir des professeurs qui ont de l’ambition pour eux et qui leur laisse une autonomie certaine, mais une autonomie encadrée et structurante : il y a des devoirs, des attentes, des deadlines, des processus et des démarches à respecter.

Dans ce contexte, la technologie a toute sa place bien sûr mais on comprendra que nos élèves – et nos collégiens en particulier – n’ont pas trop le loisir d’aller se perdre dans les méandres de l’internet lorsqu’ils sont en classe. Nous ne sommes pas dupes évidemment, cela arrive parfois, c’est pourquoi nous avons aussi un système de surveillance et de blocage redoutablement efficace qui nous permet sans toujours punir pour punir du moins de réorienter vers de meilleurs usages des ordinateurs*. Contrairement à moi ce matin puisque  je m’en suis sorti sans me faire remarquer. Enfin, je crois…

Je serai de retour lundi matin et fin prêt pour la soirée de fin d’année mardi soir – on me dit qu’elle est cette année encore extrêmement populaire, merci à tous de nous faire ce plaisir.

En attendant, excellent weekend à tout le monde !

*Ce sujet a d’ailleurs fait l’objet d’une intervention de Katie, notre conseillère, il y a quelques heures lors de l’assemblée hebdomadaire des collégiens.